samedi 9 juin 2007

Le sourire de l'objectif

Ma pudeur m'empèche de prendre des clichés.
Pourtant, connaissant mon goût pour le kitsch, le lieu est bien choisi.
Mais dévisager des portraits c'est autre chose.
Il me paraît plus aisé de poser en marcel devant le "Palacio Danieli" à Venise que d'être borgne derrière l'objectif. Du coup pas de clichés de portraits clichés.

Pourtant il y a de la matière.
Les yeux tachés de blanc, rongés par la cataracte, ridés d'extrème vieillesse, ce petit vieux au visage éprouvé par le temps me sourit une fois le billet dans la main.
La vendeuse de tissu qui quitte son chapeau chinois pour me vendre - toujours au meilleur prix - les plus belles étoffes de cholon.
La jolie jeune fille, au regard un peu trop instant, pas assez vêtue, sans doute monnayable.

...
Tout cela, je n'ose pas vous le photographier.


Je sirotais le coca-cola dans la petite chaise en plastique - même modèle que l'école maternelle de maman , qui sert uniquement à avoir le cul décollé du sol - quand mon gros appareil interloqua deux fillettes. Elles stoppent, me fixent et attendent. Moi, gêné, je le prend en main et braque vers elles. Elles se préparent, mains dans les cheveux, les doigts en V, comme si cette photo allait faire le tour du monde, être vue par des millions de personne sur mon blog. Et malgré leur demande explicite de se faire tirer le portrait, je sens encore une rétissance chez moi à photographier des inconnues.
J'obéis, zoom, mise au point, clic.
Je l'ai fait pour leur faire plaisir, mais maintenant la non-spontanéité de cette prise m'a convaincu du bonheur que peut transporter un appareil photo. Il donne un rôle. Tout dépend si ceux qui le joue en on envie ou non.



2 commentaires:

Nicolas a dit…

Cher éphémère Eiffagien,

Dans les locaux désertés de la cellule prison, plus communément appelée Constructions pénitentiaires pour éviter le fameux jeu de mots, je m'ennuie à mourir. Je ne parviens plus à me passionner pour la qualité des barreaux, la teneur du béton, la dimension des châssis, les grilles en acier, les cellules HQC (haute qualité carcérale)… Mais me suis-je jamais passionné pour de telles choses qui sont à des millions d'années lumière de mes aspirations passées qui resurgissent à la moindre contrariété professionnelle comme un affreux petit diable sur ressort qui bondit de sa boite colorée. En outre, il est certaine gens qui me verrait bien voir passer les prochaines années de ma vie à NY. Je refuse tout net d'y passer 5 jours par semaine dans le charmant hôtel de la banlieue la, plus chaude de NY. Vous pensez sans doute que je suis fou. Que nenni! NY = Nancy. C'est très à la mode depuis que le tout jeune recordman du monde, le TGV Est Européen a fait son entrée dans la cour des grands pour amener l'Europe à notre porte. Vive les échanges transfrontaliers! Vive l'axe franco-allemand! A bas les baraquements surchauffés du chantier du nouveau centre de détention nancéien où l'ambiance exécrable; alors que les autres chantiers du projet souffrent autant que nous mais s'éclatent en parallèle; vous donne envie de déserter plutôt que de déménager à NY. Et puis, comme tout bon parisien pourri, que serais-je sans ma capitale, sans ses monuments, sans son rayonnement planétaire, sans sa culture à chaque coin de rue, sans son animation quotidienne en tout point du jour comme de la nuit, sans ses monstrueux embouteillages, sans ses transports en commun bondés d'usagers transpirants et odorants, sans son brouhaha perpétuel, sans ses inciviques citoyens, sans ses vieilles à clébard frisotés qui s'épanchent sans retenue sur les trottoirs, sans ses constellations de crachats et de chewing-gum? Un être serein et équilibré pensez-vous? Pour ma part je pense que loin de ma dulcinée, je serai un escargot sans coquille, une tortue sans carapace, une coccinelle sans couleur, un papillon sans élégance, une orchidée sans parfum, un fruit sans saveur. Mon slogan est: "quitter Paris, OUI, mais pour un autre pays". Je t'ENVIE de ce que tu vis. Que je sois damné pour ce péché capital avoué!

Mille envieuses pensées.

Nicolas

A¤D a dit…

mon petit nico, moi je me bas tout les jours pour avoir ce que je crois mériter de bonheur journalier. Bon aujourd'hui c'est un peu spécial je viens d'acheter un piano. Mais je te parie que si tu quittes cette capitale tu n'en seras que plus lettré. D'une part l'éloignement attise les retrouvailles et d'autre part il ouvre sur d'autres perspectives. Ce mélange crée des distortions génératrices d'idées, d'envie, d'autre, de différent, de pourquoi pas, qui se multiplient, se concatènent... Ca fait un beau brouillon dans ma tête que j'essaie d'organiser sur ce bout de papier virtuel. Plus je tapouille sur l'azertyuiop, plus j'ai d'idées et moins c'est facile à ranger. Bref prends un avion et passe voir comment c'est derrière mon écran.