Je salue cette vieille femme vêtue de blanc. Elle me répond « boozoul mosieu ». Il fait nuit, pourtant elle conserve son bonnet bleu ciel dans la maison. Elle reste distante dans le coin de la pièce. Elle semble être énervée, excitée, un peu malade peut-être. Son visage est largement dissimulé par ses grosses lunettes noires qui ne laissent pas apercevoir ses yeux.
Elle bougonne en vietnamien, elle semble se répéter.
« Bonsoi môssieu » reprend-elle. Par politesse je sourie en réitérant quelques syllabes vietnamiennes de courtoisie. Lorsqu’elle m’interrompt et me dit :
« Commen ça va ? »
Peut être comprend elle bien le français ? Je réponds de manière plus décontractée, pensant qu’elle devait avoir un problème aux yeux ou une maladie quelconque.
« Bonsssoiii Môssiiieu, comment allez vous ? » Elle fournit tant d’efforts pour articuler, pour se rappeler, ça devient gênant et touchant.
« Bonsoi messsieu, comment allez vous ? » me répète elle.
Je suis embarrassé je n’arrive pas à savoir comment la contenter, comment dialoguer.
Les personnes à côté ne semble pas se soucier de sa différence, alors je dois faire de même.
Au bout de la dixième fois on m’explique.
Et voici son histoire.
Elle était la plus belle fille de la famille, la plus brillante, descendante directe de roi. Elle apprend le français et le parle très bien. On la courtise forcément. Elle s’éprend d’un homme. Elle l’aime éperdument. Elle l’aime à en perdre la tête. Mais cet homme n’est pas au goût de sa mère. Il faut se marier avec quelqu’un que les parents apprécient. La famille c’est important. La famille décide. La famille ne veut pas de cet homme. La belle jeune femme ne veut pas se soustraire à la dictature familiale, elle aime. Elle refuse. Mais sa décision n’a pas de poids.
Et elle est devenue folle. Folle d’amour.
Et depuis il semble que rien n’est changé.
2 commentaires:
bonjooor monssieur cômmein ça va?
Tiens, mais on est en octobre. Et si tu nous parlais de tes E.N.V.I.Es ?
Sous réserve que tu sois (encore?) en vie, bien entendu, ce que nous espérons !
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